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Une permanence architecturale à Basse-Pointe



Projection du film Nord Plage en présence de Lucie Gabourg

Lundi 22 juillet 2024 • podium du Fond du Bourg


Le film raconte l’histoire du quartier Nord Plage de Macouba (commune voisine de Basse-Pointe) face à la volonté du maire de l’évacuer et de reloger ses habitants dans des HLM. L’histoire, même si elle se déroule dans les années 1960, fait écho à celle du quartier qui a bel et bien été évacué dans les années 2000. Le film y a été tourné avant que les habitants ne soient relogés et les maisons démolies.


Une cinquantaine de personnes étaient présentes à la projection. Après le film, Lucie Gabourg, autrice et ancienne habitante du quartier, a répondu aux questions du public quant à son enfance à Nord Plage, la manière dont s’est passée la fermeture du quartier, ce qu’il en reste aujourd’hui et comment les anciens habitants souhaitent le mettre en valeur.





Merci beaucoup à Lucie Gabourg d’avoir accepté de partager son témoignage et de nous avoir procuré le film, à la production de nous avoir donné son accord pour la diffusion, à la ville de Basse-Pointe de nous avoir mis à disposition le matériel et de nous avoir aidées pour l’organisation et au CAUE de Martinique pour son soutien !!



Causerie et promenade dans le bourg

Mercredi 24 juillet 2024


Pendant cette causerie, les participants ont identifié les lieux du bourg de Basse-Pointe qui mériteraient d’être valorisés. La visite collective de ces lieux a fait émerger des propositions pour l’amélioration du quartier.

Il s’agissait de la seconde causerie organisée par l’atelier de réflexion SURF. Ces moments de discussion permettent de débattre collectivement des sujets qui impactent la ville. Les prochaines actions prolongeront ce travail et interrogeront d’autres lieux et d’autres quartiers.






Actions à venir...

Consultation publique sur le projet d’aménagement de la place de l’église

Dimanche 04 août 2024 • après la messe de 10h

Donnez votre avis sur le projet d’aménagement de la place de l’église !



Jouons le bourg ! • Jeu de piste géant et collectif

Mardi 20 août 2024 • RDV à 9h au podium du bourg

Explorez les rues du Fond du Bourg et récoltez les indices pour imaginer ensemble une ville résiliente !



An ti kozé • Vivre avec les risques naturels

Mercredi 21 août 2024 • 17h au local de la permanence

Echangez pendant une promenade puis autour d’une collation avec un expert des phénomènes littoraux !

La permanence architecturale à Basse-Pointe s’interroge sur la manière d’habiter la commune face aux nombreux enjeux qu’elle rencontre. L’urgence imminente du recul du trait de côte interroge le devenir des quartiers sur les falaises. A cela s’ajoute le changement climatique qui va accentuer les risques naturels et rendre plus extrêmes les saisons sèches et humides en entraînant des sécheresses, des inondations, le bouleversement des cultures et de la biodiversité etc. La commune de Basse-Pointe connaît aussi une forte diminution, un vieillissement et un appauvrissement de sa population.

D’un côté, de nombreux logements sont vacants dans le centre-bourg. De l’autre, les logements construits actuellement ne correspondent pas aux attentes et aux modes de vie des habitants. 


Pour se saisir de ces questions complexes et imbriquées, nous avons choisi de développer trois axes de travail. Ici, le second s’intéresse à l’urbanisation de la commune, à son histoire et aux perspectives pour le futur. 



Des logements en première ligne face à l’érosion des têtes de falaise 


En novembre 2020 à la suite de fortes pluies, un éboulement a été constaté par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) à Fond Hackaert à Basse-Pointe. Cet événement met en danger les maisons implantées sur le flanc de la falaise. Certaines familles ont donc fait l’objet d’un arrêté de péril pris par la mairie de Basse-Pointe. Celle-ci n’a pas de solution de relogement pour toutes ces familles et a donc demandé une réquisition de logement sociaux auprès du préfet afin de leur donner la priorité. Les logements seront réquisitionnés dans l’ensemble de l’île.

Cet éboulement s’explique par la nature très verticale de la falaise de 40 mètres qui surplombe la mer. Très friable car constituée de cendres volcaniques, elle est creusée en son pied par les vagues. Les fortes précipitations enregistrées avant l’évènement de novembre 2020, ont augmenté le poids des terrains et déstabilisé les sols, déjà fragilisés par des rejets d’eau non maîtrisés.


L’érosion de la falaise est un phénomène naturel, mais accentué par le changement climatique. Une partie des quartiers Hackaert, Tapis Vert et La Croix est située en zone aléa mouvement de terrain niveau fort lié à l’érosion de la falaise (1).


Le quartier Fond-Bourg est quant à lui concerné par les submersions. Avec l’augmentation du niveau des océans, et l’intensification des cyclones, les submersions liées au cyclone centennal (qui a une chance sur cent de se produire chaque année) ont des niveaux d’eau de plus en plus haut.


Pour comprendre pourquoi des logements ont été construits en tête de falaise ou en bord de rivage, dans des zones fortement exposées aux risques, il faut remonter à l’époque de la colonisation.




Les 50 pas géométriques : entre régularisation et démolitions 





Les 50 pas géométriques sont une bande de 81.20 mètres comptés à partir du rivage de la mer pour définir une zone défensive non constructible. Ils ont par la suite été intégrés au domaine de la couronne, puis sont devenus publics. A la fin du XIXe siècle, des autorisations d’installation sont prononcées pour les anciens esclaves devenus libres mais sans titre de propriété. 


En 1996, les agences des 50 pas géométriques de Guadeloupe et de Martinique sont créées pour régulariser les nombreuses personnes qui habitent sans titre dans la zone des 50 pas géométriques. En 2018, 75 % de la superficie de la zone des 50 pas était régularisée ou en cours de régularisation à Basse-Pointe.


Depuis les années 2000 des opérations Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI), des Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPAH) et la définition du Plan de Prévention des Risques (PPR) entraînent des expropriations, des démolitions et des relogements pour les logements considérés insalubres.


Ainsi, à la menace des risques littoraux s’ajoute une complexité administrative héritée du passé colonial de la Martinique. 







Bâtiments vacants et indivision


D’autre part, en raison d’une forte décroissance démographique et des problématiques d’indivision, Basse-Pointe compte de nombreux bâtiments vacants.



La Martinique est la région française comptant le plus de logements vacants. En 2020, 16 % des logements de Martinique étaient vacants. Cette part ne fait qu’augmenter alors que le nombre de logements construits est en augmentation et que le nombre d’habitant sur l’île diminue. En 2021 à Basse-Pointe, on recensait 22% de logements inhabités, ce qui représente 396 logements.


Ce fort taux de vacance est lié aux problèmes d’indivisions : de nombreuses successions sont bloquées pendant des années pour diverses raisons (mésentente familiale, éloignement des héritiers souvent dans l’hexagone...). 


La loi Letchimy veut faciliter les situations d’indivision. Elle introduit la réduction de 30 à 10 ans le délai de prescription acquisitive. Concrètement, un individu peut devenir propriétaire d’un bien s'il l’a possédé pendant 10 ans en l’absence de réclamation du propriétaire.

Cette loi, uniquement appliquée en Outre-mer, n’est pas forcément bien perçue. Les procédures notariales sont des démarches longues, les propriétaires sont souvent nombreux et répartis sur différents continents ce qui rend les procédures encore plus complexes. 

Le paysage de la commune, en particulier dans le bourg, est marqué par la présence de nombreux bâtiments inoccupés ou abandonnés.  






Afin de comprendre comment la commune a évolué dans le temps, nous avons demandé aux habitants de nous envoyer des photos des lieux qui avaient le plus changé, qu’il faudrait préserver ou qui mériteraient d’évoluer.






Cette action a révélé un sentiment de nostalgie chez les participants. Dans le temps, la commune était beaucoup plus peuplée et dynamique. On nous a raconté les journées passées au bord de la rivière et à la mer entre groupes d’enfants ; la fête patronale qui s’étalait sur quatre week-ends des grandes vacances où venaient des musiciens et même un chouval bwa ; les tournois de football au sein de la commune où chaque quartier était représenté par une voire deux ou trois équipes ; le marché où l’on pouvait acheter du poisson et des fruits à de nombreux vendeurs, la pâtisserie, la confiserie et les tailleurs, coiffeurs, cordonniers et autre artisans qui faisaient la vie de la commune. Avec la décroissance démographique et le vieillissement de la population, les habitants déplorent tous un manque d’évènements, d’équipements et d’entretien dans la commune. Mais on nous a aussi fait part du désir de mettre en valeur les nombreux sites patrimoniaux que possède Basse-Pointe, ainsi que sa réputation en matière d’accueil, et les grands évènements qu’elle a accueilli, pour être à la hauteur de l’arrivée du “tourisme vert”.



Avec l’intensification des risques littoraux, une population décroissante et vieillissante, de plus en plus de bâtiments vacants, on peut se demander : comment continuer à habiter Basse-Pointe demain ? Cette question se pose particulièrement pour les personnes qui seront amenées à quitter leur logement en raison des risques littoraux dans les années à venir : quel lieu et quelle forme d’habitat serait désirable pour celles-ci ? Et comment occuper autrement les espaces littoraux ?



Mercredi 17 juillet 2024, nous avons organisé une causerie sur le thème de l’indivision, de la réduction de la prescription trentenaire et sur les bâtiments vacants. Elle a réuni une dizaine de personnes autour d’échanges animés. Des participants ont exprimé leur indignation de voir autant de bâtiments non occupés dans la commune alors que certaines personnes habitent dans des zones à risques ou sans titre dans les 50 pas géométriques, et que d’autres sont mises en demeure de quitter leur logement sans solution de relogement adaptée.





D'autres ont évoqué des communes ou la municipalité impose aux propriétaires de bâtiments vacants de les rénover sous peine d’expulsion (2). Certains ont montré leur volonté de redonner vie aux bâtiments vacants du bourg pour redynamiser la place en réfléchissant à un projet collectif. 








Enfin, la question du foncier a été soulevée. En effet, en Martinique, une grande majorité du foncier est détenue par le secteur privé (voir notre article précédent où il est question de la production agricole intensive de banane et de canne). La bande des 50 pas géométriques, elle, est une zone dans laquelle se trouvent des terrains publics appartenant à la commune ou à l’état, malgré les opérations de régularisation entreprises. 






Le travail de la permanence continue ! 


Nous continuons d’enquêter sur ces sujets sur le terrain avec des habitants, pour réfléchir à une nouvelle habitabilité du territoire.  




Un grand merci à José Norca, habitant à Fond Hackaert, qui a accepté de relire et de contribuer à cet article ! Merci également aux personnes qui ont participé à la première causerie, qui amorce d’autres discussions collectives sur différents sujets pour des réflexions communes. Et merci à Clément Bouvier et Aude Nachbaur du BRGM qui ont accepté de répondre à nos questions !





(1) Ces zones à risques sont déterminées par le BRGM et peuvent être consultées librement sur le Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) de Martinique. Les PPRN permettent de prendre en compte tous les risques dans l’aménagement d’une commune (mouvement de terrain, inondation, houle, tsunami, recul des têtes de falaise, volcanisme, submersion décennale et centennale). 




La permanence architecturale à Basse-Pointe s’interroge sur la manière d’habiter la commune face aux nombreux enjeux qu’elle rencontre. L’urgence imminente du recul du trait de côte interroge le devenir des quartiers sur les falaises. A cela s’ajoute le changement climatique qui va accentuer les risques naturels et rendre plus extrêmes les saisons sèches et humides en entraînant des sécheresses, des inondations, le bouleversement des cultures et de la biodiversité etc. La commune de Basse-Pointe connaît aussi une forte diminution, un vieillissement et un appauvrissement de sa population. D’un côté, de nombreux logements sont vacants dans le centre-bourg. De l’autre, les logements construits actuellement ne correspondent pas aux attentes et aux modes de vie des habitants.

Pour se saisir de ces questions complexes et imbriquées, nous avons choisi de développer trois axes de travail. Le premier s’intéresse aux plantes, aux jardins et à l’agriculture. Voici les premières étapes du travail sur ces questions.





Pour comprendre l’implantation des cultures à Basse-Pointe, il faut d’abord regarder comment celles-ci se sont développées dans le temps. Avec la colonisation et l’esclavage, une agriculture intensive s’est implantée sur les pentes douces et fertiles de la montagne Pelée. Les colons arrivant avaient 36 mois pour faire défricher le plus de terres possibles par leurs esclaves et en faire leur propriété. Ils y produisirent d’abord du cacao et du tabac, puis de la canne à sucre.

Aujourd’hui, ce sont les mêmes familles qui possèdent toujours ces terres et qui y produisent majoritairement de la banane ou de la canne à sucre, ensuite transformée en rhum, et exportées vers l’Hexagone. Cette monoculture intensive de la banane est responsable de la contamination au chlordécone des sols. A Basse-Pointe, on produit aussi des ananas qui sont revendus localement.





En visitant une ancienne habitation sucrière désaffectée de Basse-Pointe, on observe les restes de l’histoire coloniale. La maison de maître domine l’habitation. Devant, une esplanade plantée de manguiers offre des vues à la fois sur la mer et sur la montagne. En contrebas, la rue Case-Nègre logeait les familles des esclaves puis des travailleurs agricoles jusqu’à sa transformation en hôtel dans les années 1970. Un canal prélève l’eau d’une rivière en amont et traverse toute la propriété. Il faisait fonctionner une roue à aube pour la production du rhum. Plus loin un gigantesque ficus fait reposer ses branches sur des racines qui descendent des branches à la recherche d’eau.







Mais alors, comment se nourrit-on à Basse-Pointe aujourd’hui ? Et pour commencer, quelle est la place des jardins dans cette commune rurale ? Et quelles formes prennent-il ?



Accompagnées d’habitants nous avons visité des petits jardins du centre-ville nichés entre les bâtiments et d’autres, plus grands autour des maisons dans les mornes, un jardin créole à la campagne, une exploitation biologique d’une vingtaine d’hectares, une ancienne habitation sucrière…

Certains habitants plantent autour de chez eux des plantes ornementales, médicinales ou des arbres fruitiers. D’autres cultivent des jardins créoles sur des terrains à quelques kilomètres de leur logement et produisent fruits et légumes qu’ils consomment, donnent à leur entourage et dont ils vendent le surplus aux petits commerces du bourg. Dans les hauteurs, certaines parcelles n’appartiennent pas aux grands propriétaires terriens et sont cultivées en maraîchage. La production de dachine ou de piment végétarien est expédiée vers Fort-de-France.





Pour en savoir plus sur les plantes cultivées dans ces jardins, nous avons proposé aux habitants de nous déposer des boutures des plantes utiles à leurs yeux en nous expliquant pourquoi. Nous avons ainsi récolté une trentaine d’essences : du gros thym et du basilic pour la grippe et les rhumes et de l’atoumo qui soigne tous les maux ; de la papaye, des oignons pays, du citron, de l’ananas et du pois d’angole ; du roucou pour colorer la peau et la cuisine ; du qui-vivra-verra qui exauce les vœux, de l’olivier qui apporte la paix, des zoreilles-moutons pour chasser les mauvais esprits etc. Les essences récoltées révèlent la variété de services que peuvent rendre les plantes qui nous entourent et leur importance dans la culture locale.

A partir de ces boutures, nous avons proposé un « devine-plante » à la fête de l’école des hauteurs Bourdon. Les enfants et leurs parents ont joué à identifier les plantes et retrouver leurs usages.





Pour compléter ces visites, nous avons rencontré le Conservatoire Botanique de Martinique (CBMq) qui lutte contre les espèces envahissantes, une des trois premières causes de la diminution de la biodiversité. De plus en plus d’espèces exotiques sont introduites sur l’île et certaines menacent les espèces indigènes ou modifient les milieux. La majorité de celles-ci est importée pour l’aménagement, comme le vétiver qui pourrait potentiellement devenir envahissant, alors que des alternatives indigènes existent. Toutefois, certaines espèces exotiques ont un rôle culturel ou nourricier important. Il ne faut donc pas se débarrasser de toutes les essences exotiques mais plutôt s’interroger sur la pertinence de leur plantation, surtout à proximité des milieux sensibles.



Les questions que cela soulève…


Nous avons constaté que les jardins offrent une forme de résilience alimentaire, voire médicinale et qu’ils jouent un rôle important dans les logements et les modes de vie. Quelle sera leur place dans l’habitabilité future du territoire ? Et quel lien entre le jardin et l’habitat ? Où et comment cultivera-t-on à Basse-Pointe demain ? Quelles sont les différentes formes et échelles des lieux de culture ? L’auto-suffisance alimentaire est-elle possible ? Comment valoriser et préserver les traditions et les savoirs locaux ? Quelles essences choisir, et particulièrement dans le cadre de l’aménagement urbain ?


Ce sont ces thématiques que nous creuseront dans les semaines à venir, à partir des visites et des rencontres sur le terrain.



Merci à Joseph Appaoo, habitant du bourg, qui a accepté de relire et de corriger cet article !! Egalement merci à Jeanne De Reviers du CBMq de nous avoir reçues et d'avoir répondu à nos questions !




Cette démarche est soutenue, accompagnée et financée par la mairie de Basse-Pointe, la DEAL, le CAUE, la DAC, la préfecture de Martinique, la Preuve par 7, la MIQCP et l'Ecole d'architecture de la ville et des territoires Paris-Est.

poca.basse.pointe@gmail.com

ex-laverie SURF

Espace du marché, rue Marce Bedouin,

Basse-Pointe 97218, Martinique

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